|
Interview : Robin Campion, volcanologue
|
|
Diplômé en géologie de l’Université Libre de Bruxelles, Robin Campion (28 ans) est passionné par les volcans depuis son enfance et en a aujourd’hui fait son métier. Il nous parle aujourd'hui de ses études et de son expérience en tant que volcanologue...
- 2003-2005 : Candidature en Géologie
Université Libre de Bruxelles
- 2005-2007 : Licence en Géologie
Université Libre de Bruxelles, 2005-2007
- 2007-2011 : Thèse de doctorat en Sciences
Laboratoire de Géochimie et Minéralogie appliquée, Université Libre de Bruxelles
- 2011-Présent : Postdoctorats
Service de Chimie Quantique et Photophysique, Université Libre de Bruxelles (2011-2012)
Instituto de GeofÃsica, Universidad Nacional Autónoma de México (2012-2015)
Au sujet de tes études en géologie
|
Guillaume : Les nouveaux étudiants ne savent parfois pas s’ils devraient choisir la géographie physique ou la géologie. Quelle est la différence entre ces études, exactement ?
Robin : Je dirais que le géologue s’intéresse avant tout à la roche et éventuellement au sol, tandis que les gens qui font des études de géographie physique s’intéressent plutôt à l’étude du relief ou aux glaciers.
À l’Université Libre de Bruxelles (ULB), la géographie physique est en effet très orientée « glaciologie » : je conseillerais donc à quelqu’un qui veut faire de la glaciologie d’y étudier la géographie plutôt que la géologie, mais je conseillerais à quelqu’un d’intéressé par les fossiles, les roches ou les volcans d’étudier la géologie.
La géologie recouvre beaucoup de choses : il y a évidemment l’étude des roches (roches magmatiques, roches sédimentaires, comprendre comment elles se sont formées), mais aussi l’étude des paléoclimats (comprendre quel était le climat il y a X millions d’années et essayer de dire pourquoi il a changé), l’hydrogéologie (l’étude des nappes phréatiques, des karsts, …), la sismologie (étude des tremblements de terre), la pédologie (étude des sols), etc.
Robin en train d'effectuer une mesure de SO2 à la Caméra UV au volcan Kawah Ijen (Java, Indonésie, 2011)
La géologie comprend aussi la volcanologie, dont le but est non seulement de prévoir les éruptions volcaniques mais aussi de pouvoir les comprendre. Plus que la prévision des éruptions elles-mêmes, je pense en effet qu’il est important de prévoir si une éruption va évoluer vers quelque chose de cataclysmal ou va rester toute calme : il n’y a peut-être que cinq pourcents des éruptions qui posent vraiment un danger pour la population… mais ce sont ces cinq pourcents-là qu’il faut apprendre à détecter et à prévoir et, pour le moment, ce n’est pas encore possible. Je trouve que c’est l’un des grands défis de la volcanologie à l’heure actuelle.
Guillaume : Comment es-tu devenu volcanologue ? As-tu fait une spécialisation ?
Robin : J’ai fait mes études à l’Université Libre de Bruxelles un peu avant la réforme de Bologne (ndlr : réforme LMD en France). À l’époque, les études de géologie duraient quatre ans et la première année était essentiellement un tronc commun avec les étudiants d’autres sciences : les chimistes, les biologistes et les ingénieurs agronomes, si je me rappelle bien.
Il n’y avait pas de spécialisation plus pointue prévue dans le cursus, c’est au moment du mémoire que l’on s’est spécialisés et il se fait que j’ai réalisé un mémoire en volcanologie.
Franck : Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir la géologie comme étude et la volcanologie pour ton mémoire ?
Robin : Je suis passionné par les volcans depuis l’âge de neuf ou dix ans. Je me suis inscrit à l’ULB parce qu’à l’époque, c’était la seule université de Belgique où on faisait vraiment de la volcanologie. Le professeur avec qui j’ai fait mon mémoire, Alain Bernard, était alors le seul volcanologue de Belgique (il y en a un peu plus maintenant). Je le connaissais déjà un peu parce que j’étais allé à l’une de ses conférences de vulgarisation quand j’étais adolescent.
En première licence (c’est-à -dire en avant-dernière année), j’ai donc débarqué dans son bureau et je lui ai dit : «
Je veux faire un mémoire sur les volcans » ! Il m’a d’abord donné un mémoire de géochimie des fluides volcaniques en Indonésie, sur le volcan Kelimutu, mais la mission sur le terrain s’est très mal passée : il a dû rentrer en Belgique à cause d’un problème administratif et j’ai dû être rapatrié à cause d’une blessure à la jambe qui s’était infectée. J’ai donc dû me réorienter et j’ai fait un mémoire sur les mesures de gaz volcaniques par satellite.
Franck : Y a-t-il des gens qui t’ont inspiré dans le choix de tes études ?
Robin : Oui, j’ai beaucoup d’admiration pour Haroun Tazieff. Pas seulement comme chercheur, mais aussi comme personne : je pense que c’est quelqu’un qui avait beaucoup d’idéals scientifiques et politiques. Il a fait beaucoup de choses très bien, il était résistant, il était engagé politiquement (bon, il s’est fait rouler par les partis pour lesquels il a milité, mais ça c’est une autre histoire !).
Pour moi, je dirais que le déclic s’est fait quand mes parents m’ont emmené à une conférence d’exploration du monde sur les volcans, présentée par un ami de Maurice Krafft. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Maurice Krafft était un volcanologue mais plutôt côté cinéaste, qui faisait des films sur les volcans qu’il présentait non seulement au grand public mais aussi à des congrès de volcanologie : il avait une formation scientifique et il savait donc ce qu’il était intéressant de filmer, ses images ont été exploitées par la science aussi.
Maurice Krafft et sa femme Katia, photographiés en 1990 sur le KīlaueaImage : USGS, domaine public
Il faisait également des conférences grand public, mais six mois avant celle à laquelle je suis allé, il s’est fait prendre dans une coulée pyroclastique sur un volcan japonais et il est mort. C’était donc un de ses amis qui terminait le cycle de conférences qu’il s’était engagé à donner et qui présentait son dernier film.
Guillaume : Quels sont les débouchés des études de géologie ? Que sont devenus tes collègues de promotion, par exemple ?
Robin : Ils ont tous trouvé du travail dans l’année qui a suivi la fin de nos études.
Il y en a maintenant trois qui travaillent dans la prospection minière, dont deux en Afrique et un en Australie après être passé par la Nouvelle-Calédonie. Ceux qui sont en Afrique sont employés par une compagnie minière spécialisée dans l’or, IAMGOLD. Ils sont en Afrique de l’ouest, au Mali et au Sénégal, et ils passent trois semaines par mois en brousse à prospecter et une semaine dans la capitale, Ouagadougou ou Dakkar, à faire des rapports de leurs prospections.
Un autre de mes collègues de promotion qui a fait une thèse de doctorat en sismologie, à l’institut de sismologie à Uccle, et qui y a maintenant un poste permanent.
Il y en a deux qui travaillent dans l’environnement : ils font des études de sol avant de construire des bâtiments, des études de pollution, etc. C’est l’une des plus grosses filières de débouchés pour les étudiants qui sortent de géologie.
Il y en a un autre qui travaille en hydrogéologie, pour évaluer les nappes phréatiques en Belgique.
Enfin, il y en a une qui travaille pour une société qui fait des dragages dans les estuaires, dans les ports, etc.
Dans d’autres promotions, il y a aussi des géologues qui ont trouvé du travail dans l’industrie parce que la formation de géologie inculque des techniques analytiques que peu d’autres filières maîtrisent, comme la spectrométrie de masse, la microscopie électronique, la diffraction des rayons X…
Je connais beaucoup de géologues qui se sont réorientés partiellement dans l’étude de la pollution de l’atmosphère. En pratique, il n’y a pas énormément de différence entre les techniques utilisées pour mesurer les gaz qui sortent d’un cratère de volcan et les gaz qui sortent d’une cheminée d’usine.
Il y a énormément d’argent pour la surveillance de l’environnement et la lutte contre la pollution, mais parfois moins pour la surveillance des volcans. Il arrive donc souvent, notamment en Angleterre, que des volcanologues tirent leur subsistance d’études qu’ils font des industries et qu’ils utilisent l’excédent de crédit pour faire des études de volcans.
Panache de fumée au bord du cratère Nord-Est de l'Etna (Italie, 2006)
C’est en partie comme ça qu’Alain Bernard finance ses recherches aussi. Il est spécialisé en géochimie et en minéralogie, il fait donc des analyses minéralogiques pour un nombre stupéfiant de sociétés et c’est avec le bénéfice qu’il en tire qu’il finance l’achat d’instruments pour le terrain. Il travaille notamment pour l’industrie verrière, pour l’industrie cimentière, pour les hôpitaux, pour la police (il fait parfois des analyses de sol pour la police criminelle, par exemple). Il a donc beaucoup de travail avec ce genre de choses.
Franck : Les études en géologie correspondent-elles à ce à quoi tu t’attendais en t’inscrivant ?
Robin : Disons qu’en première année, on n’avait pas beaucoup de géologie : c’était des maths, de la physique et de la chimie, qui ont eu une double utilité. D’une part, elles ont malheureusement joué le rôle de matière « éliminatoire », mais elles ont aussi d’autre part (en particulier les maths et la chimie) servi plus tard dans mon mémoire et dans ma thèse. C’est nécessaire pour faire des sciences : il faut avoir une bonne base en maths, physique et chimie.
En deuxième année par contre, il y avait énormément de biologie qui, je suis bien forcé de le reconnaître, ne m’a personnellement jamais servi à rien ! C’était essentiellement de la biologie cellulaire, le cours a depuis été retiré du cursus de géologie lors la réforme de Bologne.
Guillaume : Comment s’est passée la transition des études secondaires vers l’enseignement universitaire, pour toi ?
Robin : Je n’ai pas vraiment eu l’impression d’avoir beaucoup plus de cours qu’à l’école secondaire, je pense que j’avais seulement cinq heures de plus par semaine. Ça a été tout de même été un changement parce que dans le secondaire, j’étais plutôt un « mauvais élève » : je n’étudiais pas beaucoup, je ne faisais pas mes devoirs...
Robin (17 ans) au bord du Cratère Nord-Est de l'Etna (Italie, 2001)
Par contre, à l’université j’étais plutôt un étudiant assidu et j’allais à tous les cours (peut-être que j’étais plus motivé !). C’est ce que je conseillerais aux étudiants de première année : aller aux cours. Bien sûr, il y a des gens qui ont plus une mémoire auditive et d’autres qui ont plus une mémoire visuelle ou écrite mais, pour moi, écouter un cours, c’est déjà la moitié de l’étude.
J’ai quand même eu l’occasion de m’amuser pendant mes études, évidemment ! Je n’ai par contre pas fait mon baptême.
Franck : Combien y a-t-il typiquement d’étudiants par promotion en géologie à l’ULB ?
Robin : Sur les dix dernières années, je dirais qu’il y a en moyenne huit à dix étudiants qui sortent par année. Il y a une bonne ambiance, c’est plutôt familial : le travail de terrain crée des promotions très soudées. Je revois encore régulièrement les gens qui étaient dans mon année.
Franck : Peux-tu nous en dire plus sur le travail de terrain ?
Robin : Je pense que parmi toutes les disciplines de faculté des sciences, c’est en géologie qu’il y a le plus de travail de terrain. Si on fait le somme de tout le temps qu’on a passé en stages de terrain pendant nos études, on arrive facilement à un total d’un mois et demi ou deux mois. Et ça, c’est chouette ! Évidemment, c’est n’est pas toujours facile : on est tributaires de la météo, …
Ce sont souvent des stages de cartographie : on est lâchés sur une région que l’on doit pendant une à deux semaines arpenter dans tous les sens, en notant les affleurements, en identifiant les roches, en mesurant leur inclinaison, leur disposition, en prélevant des échantillons, etc. Le but est de produire une carte des différentes formations rocheuses. Cela se fait par binôme, le soir, chaque équipe de deux se réunit pour mettre en commun les observations faites sur sa zone de cartographie. Ensuite, chacun dessine une carte plus générale de la zone. C’est très chouette ! C’est le corps qui travaille la journée et le cerveau qui travaille le soir.
C’est aussi très pittoresque : on est dans la nature de neuf heure du matin à six heures du soir, on marche beaucoup, on voit de beaux paysages…
Robin (à gauche) et ses collègues de promotion devant le synclinal de Freyre
L’un des stages se fait dans les Ardennes belges, dans la zone de Treignes. Un autre se fait dans le massif central français, en Ardèche. On fait également une semaine de stage dans la falaises de la côte en Normandie et il faut encore ajouter à cela un week-end en Eifel, une région volcanique en Allemagne de l’ouest, des visites de carrières, des visites de zones actuelles de sédimentation comme dans l’estuaire de l’Escaut, …
Franck : Quel est le meilleur souvenir que tu gardes de te études ? Une anecdote amusante à raconter, peut-être ?
Robin : Il y en a tellement ! Je dirais que le truc le plus rigolo, c’est quand deux étudiants se sont perdus lors d’un stage de cartographie. Ils ont téléphoné au responsable du stage en disant «
Ben, on est perdus, on ne sait pas où en est… ».
Il a essayé de le faire décrire des éléments du paysage où ils étaient :
« Est-ce que vous êtes près d’une rivière ?
– Oui, on est près d’une rivière…
– Est-ce que c’est une grande rivière ou une petite rivière ? »
Il y a avait pas mal de rivières, du petit ruisseau à la Meuse… et donc :
« Oui, on est près d’une rivière…
– C’est une grande rivière ou une petite rivière ?
– Oh, c’est une moyenne rivière… »
Et ainsi de suite. Finalement, on les a retrouvés. L’ironie de l’histoire est qu’ils avaient une carte sous les yeux : pour reporter les affleurements sur la carte, on se balade toujours avec une carte et une boussole ! (rire)
Franck : Et quel est ton pire souvenir ?
Robin : Mon voyage en Indonésie pour mon premier sujet de mémoire. La mission était prévue pour un mois mais à après un peu plus de deux semaines, j’ai fait une mauvaise chute dans un ravin sur l’île de Florès, en pleine jungle. La blessure s’est un peu infectée et j’ai dû rentrer, on peut encore en voir la cicatrice.
Navigation sur le lac d'acide sulfurique du Kawah Ijen lors d'une autre expédition (Java, Indonésie, 2011)
Quand l’Indonésien qui guidait notre groupe a vu ma blessure, il a disparu dans la forêt et est revenu avec des herbes qu’il avait cueillies, qu’il a mâchées et puis qu’il a mises sur la blessure pour arrêter le saignement (ça pissait du sang, il y en avait partout !). Ensuite, j’ai dû descendre deux heures et demi jusqu’à l’endroit d’où on était partis et j’ai été transporté sur une mobylette jusqu’à l’infirmerie du village, où un gars m’a recousu sans m’anesthésier en me spécifiant avec un grand sourire qu’il n’était pas médecin.
Au sujet de ta thèse de doctorat en sciences
|
Franck : Mais cela ne t’a visiblement pas découragé de faire de la volcanologie, puisque tu as fait un doctorat en géologie ensuite. Avec le même promoteur que pour ton mémoire, Alain Bernard ?
Robin : Oui, mais aussi avec Pierre-François Coheur du Service de Chimie Quantique et Photophysique, parce qu’Alain Bernard n’est pas un spécialiste du transfert radiatif et de la physique de l’atmosphère. Pour toute cette partie-là , c’était donc Pierre-François Coheur qui était co-promoteur de ma thèse.
Franck : Quel était ton sujet de thèse, exactement ?
Robin : Le titre de ma thèse était « Mesures imageantes de gaz volcaniques depuis l'espace et le sol ». Elle a consisté en l’analyse d’images provenant de trois satellites différents et en la construction d’un instrument de mesure pour le terrain pour valider les images satellite, une caméra UV avec un système de filtres pour faire des mesures de terrain. C’était en fait deux gros appareils photos avec de petits ventilateurs derrière pour refroidir, équipés de filtres à bande étroite pour laisser passer seulement certaines bandes de longueurs d’onde du rayonnement UV.
Mesure de SO2 à la Caméra UV dans le panache du volcan Karimsky (Kamchatka, Russie, 2011)
Franck : Cela t’a-t-il plu de faire une thèse ?
Robin : Oui, ça s’est bien passé. Bon, comme toute thèse, il y a des moments de doute, notamment quand la caméra UV est tombée en panne dès sa première utilisation ! Ça, ça a été un gros moment de doute… et un peu de déprime, aussi.
Bon, il y a aussi des moments où ça marche bien, où le programme sur lequel on travaille pendant trois mois tourne enfin et donne des résultats qui font plaisir. Mais au final, c’était vraiment une belle aventure et, moi, c’est quelque chose que je recommanderais, de faire une thèse.
Franck : Que vas-tu faire ensuite ?
Robin : J’ai terminé ma thèse il y a un an, je fais depuis un postdoctorat avec Pierre-François Coheur, au Service de Chimie Quantique et Photophysique. Je vais bientôt partir faire un autre postdoc à Mexico City pour trois ans, à l’
Universidad Nacional Autónoma de México. Je vais y appliquer sur le terrain les méthodes que j’ai développées pendant ma thèse : il y a à septante kilomètres de la ville un volcan très actif appelé le Popocatépetl. Je vais étudier les gaz qu'il émet avec l’instrument que j’ai développé pendant ma thèse et j’utiliserai ces mesures de terrain pour valider des mesures par satellite. J'ai en effet pu acheter un spectromètre UV que je couplerai à la caméra UV pour améliorer la précision des mesures, grâce à une bourse de
VOCATIO, la Fondation belge de la Vocation.
Le Popocatépetl, photographié depuis Mexico CityImage : Jorge 2701, domaine public
Au sujet de ton métier de volcanologue
|
Franck : Volcanologue est un métier assez peu courant. Combien y en a-t-il dans le monde environ ?
Robin : Je dirais environ deux mille personnes. Mais dans ces deux mille personnes, il y en a qui ne s’occupent pas à plein temps de volcans : il y a des sismologues qui consacrent une partie de leur temps à la recherche en volcanologie, des chimistes de l’environnement qui se consacrent un peu à la volcanologie…
Franck : On a parlé plus tôt de Maurice Krafft et de Haroun Tazieff, qui sont morts sur le terrain. Volcanologue est un métier dangereux, en dehors de l’accident dont tu nous as parlé, as-tu parfois eu l’impression de risquer ta vie sur le terrain ?
Robin : Non. Je dirais que les volcanologues sur le terrain prennent le moins de risque possible, parce que quand tu vas sur le terrain, c’est pour prendre des mesures ou prélever des échantillons et, si tu dois en même temps regarder s’il n’y a pas des pierres qui te tombent sur la tête, tu as plus de mal à faire du bon travail ! L’idée actuellement est donc de limiter le plus possible les risques pour les volcanologues sur le terrain.
Ceci dit, il y a eu des accidents, notamment dans les années 80 et dans les années 90. Je dirais que depuis trente ans, il y a dû y avoir une vingtaine de volcanologues qui sont morts sur le terrain. Je pense que le dernier accident à avoir impliqué des volcanologues est un crash d’hélicoptère aux Philippines, qui a un peu décapité le service volcanologique philippin : le chef du service et des sous-directeurs sont morts dans l’accident.
Franck : Quels pays as-tu visité dans le cadre de ton travail ?
Robin : L’Indonésie, trois fois : j’avais une revanche à prendre ! L’Italie, deux fois et le Costa Rica, une fois. En parallèle, je pars aussi sur des volcans pour mes vacances : je suis allé au Guatemala, en Islande, en Sicile un bon nombre de fois, …
Il y a deux ans, j’ai fait le compte des volcans que j’ai escaladé et je suis arrivé à une quarantaine. Je dois en être à environ cinquante maintenant.
Coulée de lave de l'Etna photographiée par Robin (Italie, 2006)
Franck : Pour terminer, y a-t-il un message particulier ou un conseil que tu voudrais transmettre aux jeunes qui veulent faire ces études ?
Robin : Je leur dirais qu’ils doivent croire en leur rêve : c’est bateau, mais c’est vrai ! Je pense que beaucoup d’enfants rêvent de devenir plein de choses extraordinaires, mais ils changent. Pourquoi ? Parce ils n’y croient plu ?
Peut-être est-ce parce qu’ils ne sont pas assez têtus ! Comme je suis têtu, je n’ai jamais dit « tout compte fait, je ne vais pas devenir volcanologue, je vais devenir avocat » ou « je vais faire les sciences économiques » : c’est resté « je vais devenir volcanologue ».
Franck : Un grand merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions, Robin ! Y a-t-il une adresse à laquelle les lecteurs qui le souhaitent peuvent te contacter ?
Robin : Bien sûr !
|
Écrire à Robin Campion
|
|
En 2011, Robin a été le sujet d'un documentaire intitulé
Robin des volcans, dont voici la bande-annonce :
- Les images et vidéos utilisées sur cette page sont la propriété de leurs auteurs respectifs
- Le texte est quant à lui la propriété intellectuelle de la personne interviewée ainsi que de Franck Stevens et Guillaume Lumin
- Vous n'avez pas le droit de reproduire ce texte sans l'autorisation de la personne interviewée ainsi que de Franck Stevens et Guillaume Lumin
Interview réalisée par : Franck Stevens et Guillaume Lumin
Mise en page par : Franck Stevens
Diplôme(s) : Candidature en géologie, Licence en géologie, Doctorat en sciences
Secteur(s) : Secteur public