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Idée reçue : le pénis contient un os |
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Par Franck Stevens
Article mis en ligne le 04/07/13 |
« Jusqu'à 40 ans, je croyais que c'était un os ! », aurait déclaré Henri IV. Trêve de vantardise, messieurs : votre pénis ne contient pas d’os. L'idée peut faire sourire, mais elle n’est pourtant pas si absurde…
Commençons par mettre les choses au clair : si le pénis en érection est dur, ce n’est pas parce qu’il contient un os, mais parce qu'il est gonflé de sang. Il contient en effet des régions, les corps caverneux et le corps spongieux, qui peuvent se remplir de sang et ainsi devenir plus volumineuses et plus rigides (à la façon d'une éponge remplie d'eau).
Coupe du pénis humain, où on distingue les corps caverneux (Corpora cavernosa penis) et le corps spongieux (Corpora cavernosum urethrae)
Image : Gray's Anatomy, via Wikimedia Commons
Coupe du pénis humain, où on distingue les corps caverneux (Corpora cavernosa penis) et le corps spongieux (Corpora cavernosum urethrae)
Image : Gray's Anatomy, via Wikimedia Commons
L'idée fausse selon laquelle le pénis contiendrait un os a sans doute aussi été inspirée par la fameuse « fracture du pénis ». Ne riez pas : elle existe bien, et elle est extrêmement douloureuse !
Elle porte toutefois bien mal son nom : il ne s’agit pas d’une fracture à proprement parler, puisqu’aucun os n’est cassé. Il s’agit en réalité plutôt d’une rupture du corps caverneux et du tissu qui l’entoure, l’abulginée, qui peut survenir lorsque l'on exerce une pression trop forte sur un pénis en érection – essayant de le plier, par exemple. La littérature scientifique, toujours très poétique, décrit la fracture en des termes imagés :
« La fracture, audible par le patient, s'accompagne d'une détumescence rapide de la verge avec constitution progressive d'un hématome donnant l'aspect de la verge aubergine. »
P. Paparel, A. Ruffion, Annales d’Urologie 40, 4, 267-272 (2006)
En d'autre termes : après un craquement sec, l'érection cesse et le pénis développe une grosse ecchymose (un bleu), ce qui lui donne une couleur mauve ou violette.
Dans un souci de ne pas choquer les lecteurs en train de manger devant leur écran, nous avons choisi d'illustrer ce passage par une image d'aubergine. Bon appétit !
Image : Horst Frank, Licence Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported
Dans un souci de ne pas choquer les lecteurs en train de manger devant leur écran, nous avons choisi d'illustrer ce passage par une image d'aubergine. Bon appétit !
Image : Horst Frank, Licence Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported
Malgré tout cela, il n'est pas si absurde de penser que le pénis pourrait contenir un os : de nombreux animaux ont en effet bien un « os pénien », le baculum. Il contribue à assurer la rigidité du pénis, parfois même avant l'érection proprement dite : chez les canidés, comme le chien, le baculum donne au pénis la rigidité nécessaire pour permettre la pénétration, et ce n'est qu'après celle-ci que l'érection à proprement parler commence !
C'est peut-être l'existence du baculum qui a inspiré des blagues de plus ou moins bon goût, par exemple :
- À quoi reconnait-on un lapin d'une lapine une fois dépecés?
- La lapine n'a pas d'os à la pine !
(Lu sur Florimont.info)
À tort, car les lapins n'ont pas de baculum, pas plus d'ailleurs que les singes-araignées, les équidés, les éléphants, les cétacés et les marsupiaux, pour ne citer qu'eux (sans mauvais jeu de mot). Il est par contre bien présent chez les chiens, les chats, les ours, la plupart des rongeurs et même chez la plupart de nos plus proches cousins, les primates !
Ainsi, les chimpanzés et les gorilles ont un baculum, même s'il est de (relativement) petite taille. Le record en matière de proportion semble être détenu par les morses, chez qui le baculum peut dépasser les 60 centimètres ! Bien sûr, ce n'est pas la taille qui compte…
À gauche, le baculum d'un loup (10 centimètres). À droite, le baculum d'une espèce de morse préhistorique (1,4 mètre !).
Images : Travis S., Retrieverman.net
À gauche, le baculum d'un loup (10 centimètres). À droite, le baculum d'une espèce de morse préhistorique (1,4 mètre !).
Images : Travis S., Retrieverman.net
Pour en savoir plus |
P. Paparel, A. Ruffion, Annales d’Urologie 40, 4, 267-272 (2006)
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Auteur(s) : Franck Stevens
Catégorie : Idée reçue
Discipline(s) : Biologie, Médecine
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