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Idée reçue : Darwin a inventé la théorie de l'évolution |
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Par Franck Stevens
Article mis en ligne le 02/06/12 |
Darwin n'a pas inventé le concept d'évolution : l'idée que les espèces vivantes subissent des changements graduels a été proposée dès l'Antiquité.
C’est pourtant la vision dite « fixiste », selon laquelle les espèces sont immuables, qui a fini par s’imposer et elle n’a que rarement été contestée dans les siècles qui ont suivi : elle cadre après tout avec l’expérience de la vie de tous les jours (qui a déjà vu une espèce se transformer en une autre ?) et avec la création divine décrite dans des textes religieux comme la Bible ou le Coran.
Ce n’est qu’au XVIIIème siècle que le fixisme est réellement remis en question : à cette époque, les progrès de la géologie et la découverte de fossiles d’animaux éteints indiquent que la Terre est plus ancienne que ne le veut la Bible et suggèrent que les espèces ne sont pas immuables. Au tournant du XIXème siècle, le naturaliste français Jean-Baptiste de Lamarck formule la première véritable théorie de l’évolution, qui admet que les espèces peuvent subir des changements graduels menant à l’apparition de nouvelles espèces.
La contribution cruciale de Darwin, soixante ans plus tard, n’est donc pas le concept d’évolution mais celui de sélection naturelle. On peut grossièrement le résumer ainsi : si un individu possède des caractéristiques qui favorisent sa survie et sa reproduction, il aura en moyenne un peu plus de chances de se reproduire que les membres de son espèce qui ne possèdent pas ces traits « favorables ».
Comme l'individu qui possède ces traits « favorables » aura plus de chances que les autres d’avoir des enfants, la génération suivante comptera un peu plus de membres qui possèderont les mêmes traits « favorables ». Au fil des générations, les traits les plus favorables à la survie et à la reproduction auront donc tendance à devenir de plus en plus fréquents parmi les membres d’une population. Sur des échelles de temps longues, ces modifications progressives peuvent s’accumuler et mener à l’apparition de nouvelles espèces.
Exemple concret : le phalène du bouleau est un papillon de nuit dont il existe deux variantes, l’une aux ailes claires et l’autre aux ailes foncées, qui passe les journées camouflé à la surface d’un tronc d’arbre. Au XIXème siècle, des entomologistes britanniques ont constaté que la variante aux ailes foncées était largement majoritaire à proximité des villes industrielles : sous l’effet de la pollution, les troncs de ces régions étaient en effet devenus sombres, compromettant le camouflage des papillons aux ailes claires qui étaient plus souvent repérés et dévorés par les prédateurs que leurs congénères plus foncés. Des mesures environnementales ont depuis été prises et la variante claire est redevenue majoritaire.
Les deux variantes du phalène du bouleau
Image : Olaf Leillinger, Licence Creative Commons Attribution-Share Alike 2.5 Generic
Les deux variantes du phalène du bouleau
Image : Olaf Leillinger, Licence Creative Commons Attribution-Share Alike 2.5 Generic
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Auteur(s) : Franck Stevens
Catégorie : Idée reçue
Discipline(s) : Biologie, Biologie évolutive, Histoire des sciences
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